Thématique ultra risquée et ô combien casse gueule, l’exorcisme (rituel religieux destiné à expulser une entité spirituelle maléfique qui se serait emparée d'un être animé) a eu son chef d’œuvre en 1973 avec L’Exorciste de William Friedkin, un film ayant tellement marqué l’histoire du cinéma qu’il dégoûta, et ce durant de longues années, bon nombre de réalisateurs/producteurs de vouloir retenter l’expérience. Du coup, la seule façon pour un réalisateur d’éviter la comparaison avec le film de Friedkin (même si elle reste inévitable) et de pouvoir donner à son film la chance d’exister en tant qu’œuvre à part entière, c'est d’offrir au public un nouveau traitement de ce thème. Et c’est parce que le réalisateur de l’exorcisme d’Emily Rose a comprit çà que son film est une véritable réussite.
Pitch : Lorsque Emily Rose quitte sa province, c'est pour aller étudier à l'université. Une nuit, seule dans sa chambre d'étudiante, elle est la proie d'hallucinations et d'une rencontre surnaturelle qui la laisse épouvantée. Convaincue qu'elle est harcelée par des forces démoniaques, Emily sombre peu à peu, victime de symptômes de plus en plus spectaculaires. Perdue et terrifiée, Emily demande au prêtre de sa paroisse, le père Richard Moore, de l'exorciser... Au terme du combat contre sa possession, la jeune fille trouve la mort. Accusé d'homicide par imprudence, le père Moore se retrouve au cœur d'un procès qui va ébranler les convictions de tous. Défendu par Erin Bruner, une célèbre avocate qui ne croit pas au surnaturel, Moore n'a plus l'ambition d'être innocenté, il veut simplement que tout le monde sache ce qui est réellement arrivé à Emily...
![]() |
"Linda Blair (L'exorciste) vient de trouver sa remplaçante." |
Mon avis : L’exorciste de Friedkin, injustement considéré comme étant un film d’horreur, développe l’exorcisme d’un point de vue spirituel, nous montrant ainsi une mère de famille et un jeune prêtre remettre leur foi en Dieu en question. Scott Derrickson a choisi de remettre en cause l’acte d’exorcisme en lui même en le plongeant en plein cœur d’un procès, ou quand New York Section Criminelle rencontre L’Exorcisme afin de moderniser le tout. C’est donc tout un cinéma de genre qui se retrouve dynamité de l’intérieur afin d’en ressortir magnifié, d’être encore plus terrifiant que n’importe quelle autre fiction puisque exposer à la science et à la justice. En choisissant de s’inspirer d’un vrai fait divers et d’en garder les détails les plus troublants (autant d’un point de vue fantastique que médical), Derrickson intrigue et fascine le spectateur en exposant certaines phases du processus de l’exorcisme sous deux angles bien distincts : celui de l’accusé (des spécialistes du paranormal et leurs théories métaphysiques) et celui de la défense (des spécialistes de la santé et leurs théories scientifiques). Passionnant, tout simplement !
![]() |
"Tom Wilkinson dans toute sa splendeur !" |
Lorgnant presque du côté du documentaire financé par Arte, ce film jongle entre scènes de terreur pure (impériale Jennifer Carpenter littéralement possédée dans sa prestation) et celles beaucoup plus calmes du procès (Tom Wilkinson excelle dans ce rôle casse gueule du prêtre chargé d’une mission divine) et tout aurait pu être parfait si le réalisateur n’avait pas décidé d’ajouter une intrigue secondaire à son film déjà bien chargé en la personne de l’avocate de l’accusé. Cette dernière se retrouvant en plein cœur d’une bataille entre les forces du bien et du mal, se retrouve persécutée par un vilain démon tout le temps que dure le procès et ce dans un but des plus obscurs pas vraiment expliqué et peu convaincant. Du coup, dès que l’avocate se retrouve seule chez elle (ben oui, un démon ça ne vient jamais vous emmerder dehors), on est très vite frustré tant on devine facilement ce qu’il va passer à l’écran. C’est inutile, chiant, prévisible et en général ça dure plusieurs minutes. Ces quelques scènes flinguent le rythme donné au film qui aurait très bien pu se contenter des scènes d’exorcisme pour remplir son quota de trouille, tant ces dernières sont flippantes à souhait. L’envie de trop bien faire, sûrement…
Malgré ce petit défaut que l’on pardonnera très vite et sans trop de mal, l’Exorcisme d’Emily Rose est une pure réussite réussissant sans mal son pari de renouveler un genre qui possède son maître étalon depuis maintenant plus de 35 ans.
A la fin des deux heures que dure ce procès, une seule question viendra vous hanter : Et si ça existait vraiment ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire