En 2006, Alexandre Aja se faisait les dents avec succès sur un slasher movie (La colline à des yeux) avant de mieux se les casser deux ans plus tard sur une misérable histoire de fantômes (Mirrors) mettant en scène Kiefer Sutherland face à des miroirs hantés. Nous sommes maintenant en 2010 et Alexandre Aja, histoire de se racheter une bonne conduite et pour se faire rembourser ses frais de dentiste, décide de s'attaquer à un genre cinématographique jusque là inédit pour lui : les films de monstres. Parallèlement à ça, notre homme étant quelque peu fatigué de réaliser des films d’horreur se prenant un peu trop au sérieux, se met en tête de réaliser une comédie horrifique bien crade en signant chez Dimensions Films pour ce vrai/faux remake du Piranha de Joe Dante réalisé en 1978.
Alors ? Notre réalisateur français préféré est-il bon pour une nouvelle visite chez le dentiste ? Pas si sûr...
Le pitch : Alors que la ville de Lake Victoria s'apprête à recevoir des milliers d'étudiants pour le week-end de Pâques, un tremblement de terre secoue la ville et ouvre, sous le lac, une faille d'où des milliers de piranhas s'échappent. Inconscients du danger qui les guette, tous les étudiants font la fête sur le lac tandis que Julie, la shérif, découvre un premier corps dévoré... La journée va être d'autant plus longue pour elle que Jake, son fils, a délaissé la garde de ses jeunes frères et soeurs pour servir de guide à bord du bâteau des sexy Wild Wild Girls !
Mon avis : Dès l’annonce de ce projet en 2007, une communauté entière de fans s’est mit à fantasmer de voir débarquer dans les salles obscures THE film hommage au cinéma d’horreur des années ’80. Malgré l'espoir qui est apparu au sein de cette communauté de spectateurs gavés de films plus formatés les un que les autres, le doute et la méfiance se faisaient tout de même sentir. Car il faut bien l’avouer, avec un projet aussi casse gueule que cette relecture de Piranha en 3D, il serait très facile pour un réalisateur de se planter en beauté. Seulement voilà, c'était oublié un peu trop vite le talent d’Alexandre Aja et sa mise à jour de La colline à des yeux de Wes Craven. Les années passèrent au rythme des photos et autres teasers/trailers lâchés par une campagne marketing ultra efficace et le 01 Septembre 2010, la sentence tomba enfin : Piranha 3D est tout simplement un pur concentré de plaisir à consommer sans modération !
C'est à partir d'un scénario de Pete Goldfinger et Josh Stolberg qu’Alexandre Aja et son compère de toujours Gregory Levasseur (ici producteur et réalisateur 2nde équipe) ont presque entièrement réécrit le scénario, pour permettre à l’histoire de mieux profiter de la 3D stéréoscopique. Autant vous dire de suite que nos deux compatriotes se sont autorisés presque toutes les folies visuelles possibles et imaginables. Pour ce faire, ils se sont adjoint les services d’une solide équipe technique ainsi que d’un excellent casting. Cette combinaison gagnante permet à Aja d’exceller là ou on ne l’attendait pas forcément, la comédie régressive, graveleuse et gore. Une sorte de version horrifique d’American Pie, en fait. Du coup, le film enchaîne les scènes supers crades aussitôt désamorcées grâce au talent comique de ses comédiens. Et quand je dis comédien, je pense notamment à Jerry O’Connell.
Ce film pourrait être comparé à une scène de stand up, sur laquelle l’acteur nous déploie tout son talent comique en incarnant un producteur de porno (pouvant être considérer comme étant métaphoriquement le piranha humain du film) passant le plus gros de ses journées à sniffer de la cocaïne et à filmer/baiser ses Wild Wild Girls (Kelly Brook et Riley Steele en mode Grrrr).
On pourra également noter la présence au générique de Christopher Lloyd, génial en Doc Brown spécialiste du monde marin et de ses piranha préhistoriques, ainsi que celle de Richard Dreyfuss dans une séquence d’ouverture déjà culte voyant notre homme (grimer pour l’occasion en Tom Hooper) se faire croquer par les piranhas alors qu’il était tranquillement en train de pêcher. Un hommage pareil aux Dents de la mer de Spielberg, ça ne s’invente pas…ça se fait. Ou quand le plaisir coupable d’un réalisateur donne lieu à une scène jubilatoire au possible et super efficace.
On pourra également noter la présence au générique de Christopher Lloyd, génial en Doc Brown spécialiste du monde marin et de ses piranha préhistoriques, ainsi que celle de Richard Dreyfuss dans une séquence d’ouverture déjà culte voyant notre homme (grimer pour l’occasion en Tom Hooper) se faire croquer par les piranhas alors qu’il était tranquillement en train de pêcher. Un hommage pareil aux Dents de la mer de Spielberg, ça ne s’invente pas…ça se fait. Ou quand le plaisir coupable d’un réalisateur donne lieu à une scène jubilatoire au possible et super efficace.
Des scènes cultes comme celle-ci, Piranha 3D en contient beaucoup. Il y en a pour tous les goûts dans ce film. Préparez-vous donc à assister à de bons gros morceaux de bravoure gonflés à la testostérone, à des séquences entières remplies à raz la gueule de filles en bikinis sautant sur des trampolines et participant à des concours de t-shirts mouillés (séquence contenant d’ailleurs un sympathique caméo du réalisateur des Hostel, Eli Roth), ainsi qu’à une flopée de scènes où nos jeunes étudiants en ruts se font croquer par toute une armée de piranhas. La palme du délire visuel voulu et assumé par Aja revient à cette séquence hallucinante où l'on voit Kelly Brook et Riley Steele devenir des sirènes perdues au sein d’un ballet aquatique monté sur fond de musique classique.
En parlant de montage, ce dernier est si efficace que les 95 minutes que dure ce métrage vous paraîtront bien trop courtes, tellement courtes que vous en viendrez à souhaiter que la version longue du film sorte le plus rapidement possible, histoire de vous refaire un shoot. D'ailleurs, cette director’s cut, plus longue de 6 minutes par rapport à la version salle, est volontairement bloquée par Sony (le détenteur des droits) depuis maintenant plusieurs mois dans le seul but de vous faire repasser à la caisse lorsque les DVD et BluRay de Piranha 3D se seront bien écoulés. No comment…
Pour ce qui est de la 3D, le résultat est on ne peut plus satisfaisant pour un film ayant eu un budget presque 20 fois moins élevé que celui d'Avatar et ayant connu une phase de post production des plus chaotique. De l'aveu même d'Aja, la qualité des effets visuels et de la 3D du film ne représentent que 80% du rendu final. C'est donc essentiellement dans la profondeur de champ que la 3D montre ses limites, tout en privilégiant les effets dîts jaillissants, offrant ainsi aux fans du genre quelques plans gore des plus réussis. Différent d'Avatar mais autrement plus efficace.
Piranha 3D est un fantasme devenu réalité et rien que pour ça, nous nous devons de dire un grand merci à Alexandre Aja pour la passion, l'audace et le sérieux qu'il a donné à pareil projet. Et comme le dit la tagline de l'affiche, Piranha 3D est « Sea, Sex…and Blood ».
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