28 décembre 2017

Bright - David Ayer


Quand Netflix craque plus de 90 millions de dollars pour permettre au réalisateur de Suicide Squad de filmer un buddy movie sous acides avec des orcs, des elfes et des gangstas, on se dit qu’on tient peut-être une véritable curiosité. Alors que nous faisons simplement face à une nouvelle preuve que faire du cinéma en prenant trop de cocaïne n’est que rarement productif.

UN LUTIN SACHANT LUTINER

S’il est entendu que David Ayer a toujours eu la finesse d’un coup de boule, le réalisateur de Fury ou End of Watch a ponctuellement fait montre d’une certaine maestria visuelle certaine ainsi que d’une approche revigorante des espaces urbains. Le coupable de Suicide Squad était donc un choix pertinent pour mettre en image Bright, concept foutraque mêlant film d’action urbain en mode gangsta et heroïc fantasy enfantine.

Sauf que non content de devoir se dépatouiller avec un point de départ relativement bancal,le cinéaste est rapidement handicapé par le scénario de Max Landis, dont la pauvreté saute aux yeux. Non seulement le décalage consistant à faire des Orcs des proto-gangsters latino et des elfes des aristos-traders est grossier, mais la structure du film paraît constamment s’écrouler sous son propre poids.


David Ayer : si j'en entends encore un dire que j'suis pas un bon réal, j'lui envoie Terry Crews dans sa gueule, OK ?!

Porté par des enjeux tous pétés (nos héros essaient de sauver une elfette et de protéger une baguette magique sur laquelle tout le monde veut mettre la main), l’ensemble ne se renouvelle jamais et n’a qu’à offrir une enfilade de fusillades nocturnes toutes atrocement filmées. Et c’est là que le bât blesse. Qu’on apprécie ou non le travail de David Ayer, Bright n’est pas à la hauteur de la maîtrise technique du réalisateur.

"Je suis daltonien, ou notre chef op nous en veut ?"

MOTHERFORCKER

On pouvait au moins espérer poser les yeux sur quelques trouvailles plastiques accrocheuses, apprécier un peu de pyrotechnie et un festival de plomb fondu décomplexé. Sauf qu’en l’état, Ayer se contente de pousser à fond les potards de son étalonnage afin de masquer l’absolue fadeur de son découpage et d’une photographie clairement improvisée en post-production.Ses gunfights sont mollassons, les chorégraphies inexistantes et la violence jamais correctement dosée, un peu comme si un producteur déviant s’était amusé à glisser des séquences de zoophilie nécrophile dans un épisode de Noël de Babar.

"Mais qu'est-ce qu'on fout là, mec ?!"

Le résultat est souvent d’un mauvais goût atroce, et surtout, d’une incohérence totale. Dur de ne pas se rayer le cristallin, entre Will Smith, qui n’a pas à beaucoup forcer pour jouer la débilité légère, Joel Edgerton qui a tout l’air d’avoir perdu un pari et Noomi Rapace qui prouve que si sa carrière touche à sa fin, tout n’est pas perdu pour les défenseurs du look d’émo-punk-virgino-syphillitique. À force de nous servir tièdes ses clichés thématiques, sociétaux et structurels, le film se transforme en interminable clip dénué de propos ou d’ambition cinématographique, un embarrassant rêve de cosplayeur dyslexique en descente de MDMA.

EN BREF

Gentil bourrin surestimé, David Ayer prouve ici que Suicide Squad n'était pas une erreur de parcours.

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