Après nous avoir offert une flopée de nouvelles séries en 2017 avec Mindhunter, 13 Reasons Why, Ozark ou encore Godless et sa collection Marvel, Netflix prépare notre petit Noël avec un nouveau show : Dark.
ATTENTION SPOILERS
DARK CITY
Nous sommes dans une petite ville d’Allemagne, Winden, en novembre 2019 qui vit grâce à l’électricité fournie par la centrale nucléaire locale. Dans une cabane, un homme se pend après avoir écrit une lettre mystérieuse. Quelques mois plus tard, son fils Jonas, retourne au lycée où l’établissement est sous le choc après la disparition d’un élève. Alors que l’enquête débute, la disparition d’un deuxième enfant, Mikkel, fils d’un des policiers chargés de l’enquête sur la première disparition, va bouleverser le quotidien de cette ville si tranquille. Du moins en apparence, puisqu'un passé troublant va alors ressurgir au grand jour.
Après Marseille en France, Suburra en Italie, Dark est la première série originale Netflix Allemagne. Si aux premiers abords, la série rappelle rapidement Stranger Things avec ses premiers épisodes, il faut tout de même rappeler que ses deux créateurs, Baran bo Odar et Jantje Friese, ont écrit le scénario avant la diffusion du show américain. Toute ressemblance est donc fortuite, même si bien évidemment, la plateforme de streaming ne s’est pas gênée pour jouer avec les quelques similitudes (pas si nombreuses au final) lors de la campagne promotionnelle de son nouveau bébé allemand et ainsi espérer attirer les fans d'Eleven.
TIME IN
Dès son pilote, Dark montre des ambitions folles notamment avec sa réalisation très soignée voire parfois virtuose. Lors de ses premières minutes, le réalisateur place une véritable ambiance avec ses longs plans : un superbe travelling arrière se terminant sur la pendaison d’un homme ou encore l’impressionnant plan-séquence de présentation de la famille Nielsen.
Pendant quelques minutes, la caméra virevolte dans leur maison et tourne autour de la table du salon et des personnages dans un mouvement qui rappelle l’ouverture virtuose des Harmonies Weirckmeister de Bela Tarr. Le cinéaste hongrois est d'ailleurs sans doute un des modèles de Baran bo Odar, car au-delà de mouvements tourbillonnants, il offrira surtout quelques prises fixes parfaitement composées, comme lors d'une discussion sous la pluie entre Jonas et Martha par exemple.
Cette mise en scène enlevée est sublimée à chaque instant par la photographie grisâtre, épurée et froide, propre aux séries nordiques. Conférant une esthétique irréprochable à la série, elle correspond surtout parfaitement à l’ambiance sombre et brumeuse du récit de Dark. Le très bon casting, porté par les superbes prestations de Maja Schöne, Oliver Masucci et le jeune Louis Hofmann, est également un des grands atouts de la série.
LABYRINTHE INFERNAL
Si elle rappelle immédiatement Ça avec l’imperméable jaune de Jonas, Dark évoque globalement l’ensemble de l’œuvre de Stephen King, le romancier du paranormal, d'un mal insidieux et terriblement banal, autant que chroniqueur appliqué du morne quotidien des bourgades anonymes. Les deux créateurs ont également expliqué que Twin Peaks était une de leurs sources d’inspirations principales et l’influence de l’univers de David Lynch s’avère omniprésent.
Heureusement, cela n’empêche pas Dark de créer son propre univers. Sa simple enquête policière va rapidement virer vers le thriller paranormal et fantastique, en jouant avant tout sur une faille temporelle et les paradoxes qui vont mener le spectateur entre trois époques 2019, 1986 et 1953. Généreuse, cette saison 1 va alors pousser son scénario et aller au bout de ses ambitions. Malheureusement, la narration finit par être dépassée par cette même ambition.
Si l'histoire de Dark n'est pas élementaire, elle se prend trop souvent pour ce qu'elle n'est pas en se pensant fondamentalement complexe. Les quelques initiés aux voyages temporels, et à leurs conséquences, trouveront parfois les ficelles de Dark trop grosses. Quelques intrigues sur l'identité de certains personnages sont révélées au grand jour à la manière de rebondissements cruciaux alors même qu'elles auront été déchiffrées deux ou trois épisodes plus tôt par les spectateurs attentifs. Sans parler du final présenté comme un twist inattendu alors même que la série nous mène dans cette direction tout au long de ses 10 épisodes. L'effet fait plouf et se transforme finalement en cliffhanger agaçant.
Finalement, l'ambition de la série l'amène à quelques confusions scénaristiques, certaines sous-intrigues sont trop rapidement oubliées quand le surplus de personnages plombe la fluidité d'un récit qui se prend déjà trop la tête dans sa construction narrative en forme de poupée russe. Enfin, on ne reviendra pas sur la musique d'Apparat, qui, si elle installe parfois une ambiance pesante et oppressante, finit surtout par devenir embarassante car trop appuyée.
EN BREF
Dark a de grandes qualités, autant dans sa mise en scène parfois virtuose que dans son ambiance sombre et pluvieuse. Malheureusement, son ambitieux récit est plombé par les limites d'un genre dont le cinéma semble avoir fait le tour et que la série n'arrive jamais totalement à réinventer. La saison 2, pas encore commandée, mais annoncée par un final presque racoleur saura peut-être rectifier les nombreuses lacunes de cette saison 1 généreuse mais loin d'être sensationnelle.
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