Avant de nous embarquer pour Prometheus 2, Ridley Scott se retrouve Seul sur Mars. Sorte d’Apollo 13 mâtiné d’anticipation pop et d’effets spéciaux à tous les étages, le film sort sur les écrans après avoir fait très forte impression au Festival de Toronto. Qu’en est-il de ce Robinson Crusoé sur la planète rouge ?
Après plusieurs œuvres torturées pour ne pas dire franchement désespérées, on pouvait supposer que Sir Scott ferait de cette aventure spatiale une odyssée un peu éprouvante. Contre toute attente, Seul sur Mars s’avère de très loin le film le plus détendu de son auteur, un feel good movie assumé et optimiste. Grâce à un montage qui joue avec intelligence des contrastes (la fourmilière de la NASA, la solitude du héros, les oppositions dialogues/monologues), le film multiplie les coupures au sein de son rythme et fait preuve de beaucoup d’humour.
La réussite de l’ensemble, au-delà du sens du spectacle indiscutable de Scott et de la très bonne tenue du casting, tient à la performance de Matt Damon. Ce dernier retrouve ici une simplicité, mélange évident de charisme et de malice, qui faisait cruellement défaut à ses dernières prestations, parfois trop empesées. Il est l’âme du métrage, celui par lequel sa roublardise et sa générosité parviennent jusqu’au spectateur. Même lors des séquences les plus classiques ou stéréotypées du film, son énergie parvient à renouveler sans mal notre intérêt.
L’autre accomplissement de l’aventure tient à son mélange d’inventivité et de réalisme, ou comment équilibrer à la perfection le grand écart entre science pure, invention, et jeu avec le spectateur. Seul sur Mars jongle ainsi avec différentes tonalité qui se combinent à merveille. Ni film catastrophe, encore moins pur récit d’aventure, pas plus qu’œuvre d’anticipation pompeuse, le blockbuster s’avère une sorte de comédie épique à l’atmosphère étonnamment positive, entièrement dédiée au bien-être du public en quête de sensations fortes.
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Childish Gambino ma gueuuuuule ! |
LA CROISIÈRE S'AMUSE
Le metteur en scène nous offre donc son film le plus divertissant et accessible de longue date, mais aussi le plus anodin. L’angoisse existentielle de Cartel est envolée, aucune trace des questionnements spirituels qui tordaient son Exodus, ou même des tensions symboliques qui animaient Prometheus. Si Seul sur Mars est incontestablement plus polissé que ces derniers, il est aussi moins consistant.
C’est ce qui fait sa limite objective, ce qui lui interdit de nous troubler et de nous rester en mémoire avec la même insistance. Bien sûr, on pourra s’amuser de l’espèce de bras de fer virtuel entre le métrage et Interstellar (pas franchement en faveur de Christopher Nolan), noter l’aisance avec laquelle l’artiste orchestre pour nous un grand spectacle impeccablement maîtrisé, mais aussi regretter l’absence totale de mise en danger.
EN BREF
Divertissant et malin, le film de Ridley Scott ne marquera pas les mémoires mais ne manque pas de panache.
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