Film français présenté à Annecy en 2013, et ayant assez peu brillé dans nos salles françaises cette année (il faut dire que la compétition était très rude en cet été 2013), Aya de Yopougon avait pourtant toutes les qualités requises pour trouver un public dans les salles obscures. Adaptation d’une bande dessinée bien connue du public français du même nom, ce tout nouveau long-métrage d’animation en 2D est d’une rare fraîcheur. Même si la transposition sur grand écran des trois premiers volumes de la matière littéraire d’origine fait preuve d’un réel manque de risques, l’ensemble est réjouissant.
Fort d’un humour décapant, Aya de Yopougon est un film au capital sympathie fort appréciable. Grâce à des personnages très différents les uns des autres et un scénario donnant la part belle à chacun des protagonistes présents, l’ensemble convainc rapidement. Doté d’un scénario aux multiples facettes, qui sont peut-être trop nombreuses à en croire le nombre colossal de personnages ayant une trame narrative personnelle, le premier long-métrage animé de Marguerite Abouet possède un traitement narratif on ne peut plus original. Il est certes regrettable qu’Aya, personnage principal amené par le titre du film, soit trop en retrait par rapport aux aventures amoureuses de ses amies mais cette présence-absence participe également à l’établissement psychologique de ce personnage qui rêve d’une carrière médecinale alors que ses amies pensent avant tout au mariage. Enjoué, le long-métrage de Marguerite Abouet (déjà auteure de la bande dessinée) existe avant tout grâce à ses personnages vivants qui parviennent à exister au-delà des quatre-ving dix minutes que durent le film – nous écrivons ces lignes deux semaines après le visionnage du film, et la bonhomie des personnages nous envahit encore. On pourrait regretter, dans cette optique, le doublage hasardeux de certains personnages qui contraste avec l’hilarante interprétation d’autres protagonistes – la nonchalance d’Hervé est un vrai plus comique dont s’entiche avec plaisir le film – mais ce serait là une manière de stigmatiser un des défauts mineurs du film.
Malheureusement, tout n’est pas chatoyant à Yop City puisque si l’animation est charmante (un rendu 2D crayonné très accentué) elle n’apporte que peu de choses par rapport à la bande dessinée originale si ce n’est le soupçon de vie nécessaire à tout film, d’autant plus que ce style d’animation avait déjà été expérimenté au cœur du long-métrage de Joann Sfarr, Le Chat du Rabbin. De même, la musique est un peu répétitive et s’entiche de sons un peu stéréotypés là ou les autres composants du film savent se détacher des images et ou idées préconçues au sujet de l’Afrique. Afrique qui, ici, est présentée comme une terre de bonheur et de festivités, loin des pamphlets inquiétants que le cinéma mondial nous ressert au sujet de ce beau pays depuis une dizaine d’années. En somme, Aya de Yopougon a tout du sympathique film d’animation qui ne nous ment jamais sur ses intentions. Évidemment, nous sommes loin d’un chef d’oeuvre maîtrisé de bout en bout, la faute à un scénario trop fragmenté entre les différents personnages et à une esthétique un peu répétitive, mais l’ensemble est si entraînant qu’il serait dommage de s’en priver !
EN BREF
Aya de Yopougon est un petit film à la française qui manque de précision mais qui mérite que l’on s’y attarde, ne serait-ce que parce qu’il propose de vivre une heure et demie de tranche(s) de vie(s) saupoudrée(s) de gaieté.
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