Après un troublant Virgin Suicides, un magnifique Lost In Translation et un quelque peu déroutant Marie-Antoinette, voilà qu'arrive le dernier bébé de Sofia Coppola : Somewhere. Alors ? La fille du réalisateur du Parrain à-t-elle réussi à rattraper le coup après sa relecture "clipesquo-guimauve" de Marie-Antoinette ?
La réponse : Oui...et non...
Le pitch : Johnny Marco, auteur à la réputation sulfureuse vit à l'hôtel du Château Marmont à Los Angeles. Il va recevoir une visite inattendue : sa fille de 11 ans.
Le gros problème de Somewhere vient de la direction quelque peu intéréssée que lui a donné sa réalisatrice : celle du rachat de notoriété. Car c'est bien là le sentiment que l'on a après les presque deux heures que dure ce long métrage. Au moment de sa sortie, Lost in Translation a su imposer Sofia Coppola sur la scène des réalisateurs confirmés, lui offrant une crédibilité en béton armé ainsi qu'un moyen efficace de s'affranchir de l'ombre de son père. Chose qu'à l'inverse, le fils de Ridley Scott, Jake Scott, n'a pas réussi à faire avec son Welcome To The Rileys. Puis vint le problème Marie-Antoinette ! Ah...Il fallait bien que j'en parle de celui-là. Lui sentant pousser des ailes, Sofia Coppola s'est laché, s'est approprié l'histoire de France, l'a digéré avant de la vomir à l'écran façon portnawak complètement outrancier et quelque peu insultant envers l'histoire d'origine. Le film fît un bide au moment de sa sortie, décrédibilisa quelque peu sa réalisatrice et donna l'impression que Lost in Translation fût rien de moins qu'un accident de parcours. Il lui fallait donc un moyen efficace de se racheter. Le projet Somewhere est apparu alors.
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"J'ai joué avec Wesley Snipes, tu sais" |
Cest donc sans surprise que Somewhere reprend quasiment les idées qui ont su faire de son aîné Lost in Translation un succès, tout en se donnant juste la peine de modifier le lieu (Tokyo devient Los Angeles) et les acteurs. Pour le reste, c'est exactement la même chose : une âme esseulée perdue dans sa vie de couple, dans sa carrière professionnelle ainsi que dans son hôtel se pose les questions existentielles qui lui permettront, soit de continuer à vivre sa vie en surface, soit de s'orienter vers les vraies valeurs telle que la famille. Notre réalisatrice en herbe pousse le vice tellement loin qu'elle en va même jusqu'à photocopier des scènes de son premier gros succès (la scène de la conférence de presse pour ne citer qu'elle). Vous l'aurez compris, on touche le fond de l'abération tant ce manque de confiance crève les yeux.
On à vu pour le fond, mais qu'en est-il de la forme ? Malheureusement, c'est là que ça fait le plus mal ! Quoi de mieux pour se racheter une crédibilité artistique que de faire de l'art underground histoire de bien montrer aux journaleux du monde entier qu'on est une vraie de chez vraie ? En théorie, rien ? Je serais tenté de vous répondre oui, mais pour le coup, on assiste à une pitoyable tentative qui vire très vite au ridicule tant c'est poussif et vide de sens. Autant le plan d'ouverture de Lost in Translation avait de quoi marquer les esprits avec un plan fixe sur les fesses de Scarlett Johanson portant une culotte transparente, autant celui de Somewhere laisse de marbre. Non mais franchement, quelle idée à la con de filmer en plan fixe une voiture de sport faire 5 fois le tour d'un circuit, dont la moitié en hors champ, avant de la voir se garer devant la caméra pour mieux mettre en valeur la première apparition à l'écran du personnage principal? Ou bien encore, idée scénaristique complètement conne : de montrer/monter 2 scènes de lap dance à la puissance érotique proche du zéro ? Deux ? Pourquoi deux ? Il est ou l'intérêt, là ? M'enfin, c'est vrai quoi !
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"Bon, faut faire oublier Marie-Antoinette aux gens, ok ?!" |
Vous l'aurez compris, Somewhere marque les limites du cinéma de Coppola fille mais permet à Stephen Dorff de briller enfin dans un rôle à la hauteur de son talent. C’est déjà ça de pris et rien que pour ça, on félicite quand même un peu Sofia !